Le nucléaire en France: doit-on en sortir?
Six mois après la catastrophe de Fukushima au Japon, les prochaines élections présidentielles remettent sur le devant de la scène l’avenir du nucléaire. Mais quand les opinions des hommes politiques sont aussi hétéroclites et parfois contradictoires, le grand public ne sait plus à quel saint se vouer.
Le nucléaire en France en quelques chiffres
Apparus dans les années 50, puis développés à grande échelle après le premier choc pétrolier pour assurer son indépendance énergétique, on compte désormais 58 réacteurs nucléaires en France. Répartis dans 19 centrales et ramenés au nombre d’habitants, ils font de la France le pays le plus nucléarisé au monde. Le nucléaire représente ainsi aujourd’hui près de 80% de l’électricité et 17% de l’énergie globale consommées en France.
Pourquoi sortir du nucléaire ?
Le nucléaire, considéré comme une énergie propre, rejette peu de gaz à effet de serre et offre une production d’énergie nettement supérieure à tout autre combustible.
Les premières conclusions de l’audit sur les installations françaises réalisé par l'autorité de sûreté nucléaire (ASN), sont attendues d’ici la fin de l’année et devraient garantir aux citoyens une transparence accrue. En effet, suite à la catastrophe de Fukushima, la méfiance de la population s’est accrue face à un secteur qui semble bien opaque, dépendant d’entreprises en privatisation latente et faisant appel à une sous-traitance quelque peu controversée.
Longtemps considéré comme particulièrement rentable, les centrales subissent de plus les dommages du temps. Bien que l’agrémentation d’une dizaine de réacteurs soit prolongée, ils devront tôt ou tard être démantelés avec un coût très élevé et de nombreuses interrogations restent en suspens sur le devenir des matériaux radio-actifs.
Quand au traitement des déchets radioactifs, aucune solution satisfaisante n’a encore été trouvée : enfouis sous la terre, ils ne se dégraderont que dans des milliers d’années et referont surface à un moment ou un autre avec le mouvement des plaques.
Enfin, l'uranium est importé en quasi-totalité et bien que connaissant ces dernières années un prix stable, ses conditions d’exploitations ne sont pas optimales et il n’est pas renouvelable. Mais si la France décide, pour des raisons politique, écologique ou sanitaire, de progressivement s’éloigner du nucléaire, la facture sera indubitablement salée.
La sortie du nucléaire: oui mais l’addition s’il-vous-plaît
Si l’Allemagne a fait le choix de sortir du nucléaire, elle évalue la note à près de 250 milliards d’euros. Quand on sait que nos voisins comptent 3 fois moins de réacteurs, le montant pourrait tripler en hexagone. Il s’agit en effet de prendre en compte un grand nombre d’éléments : les investissements couteux pour trouver et exploiter une nouvelle énergie, le démantèlement des infrastructures existantes ou encore l’importation de l’électricité devenue insuffisante.
L’après-nucléaire: quelles sont les alternatives énergétiques de la France
La question subsiste : quelles sont les alternatives au nucléaire ? Quel mix énergétique?
Les énergies renouvelables offrent des solutions propres, viables mais encore insuffisamment productives pour compenser le manque à gagner. Les énergies fossiles, comme le charbon, le pétrole et le gaz, ont un rendement plus important mais un coût écologique fort et elles s'épuiseront également à moyen ou long terme. Parmi ces combustions fossiles, celles dites non conventionnelles (comme les sables bitumineux et les schistes bitumineux), sont maintenant sous l’effet de nouvelles mesures proposées par l’Union Européenne : en effet, ces dernières, bien qu’en quantité suffisante pour alimenter en énergie une grande partie de nos besoins, émettent sur l'ensemble de leur cycle des vie des quantités trop importantes de gaz à effet de serre et sont considérés comme des carburants particulièrement néfastes.
Le nucléaire: y-a-t-il une bonne solution ?
Le constat aujourd’hui est unanime : il n’existe pas (encore) de solution idéale. Mais pour faire face au déficit logique des sources d’énergies, un meilleur contrôle et une intensification politique et collective des économies d’énergie est sans aucun doute le principal levier pour l’avenir énergétique de notre pays et de la planète.
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